vendredi, décembre 23, 2005

il est 12h08 a paris


Marilyne
Num%3F%3Friser0003 Originally uploaded by Jean-Pol Lefebvre. Tu regardes ta toute petite. La mienne a déjà quelques années de plus. Elle marche et parle avec l’immense talent qui sera le sien. La tienne se débrouille pas mal avec de grands rires que ponctuent des phrases inachevées. Elle sent le vent. Tu as vraiment imaginé avoir un enfant qui sent le vent. Tu es de la chance, un enfant qui sent le vent de la Dordogne et du bordelais, c’est la liberté de vivre assurée. L’air du large qui se faufile entre narine et poitrine. Tu as de la chance, un enfant du vent.Comme tous les enfants du vent, elle a roulé du sud-est à la ville. Ces voyages qui font mal à tous et qui cassent le cœur avant de le sceller dans le plomb. Ces voyages qui aboutissent toujours dans des chambres de partages ou de solitudes. Des lieux où les choses et les gens traînent avant de vivre.Tu devrais regarder ta toute grande. La mienne a déjà cessé de croître. Elle marche et parle avec l’immense talent qui est le sien. La tienne s’étend, se déplie, s’envole, sourit. Elle est le vent. Tu as vraiment imaginé avoir un enfant qui est le vent. Qui s’engouffre dans la vie des autres comme un courant d’air sec.Comme tous les vents, elle s’est trouvé des déserts à lever, des jachères à redorer. Elle a roulé de Paris à ses quartiers, des grandes avenues aux impasses, des illusions aux confusions. Comme tous les vents, elle a creusé ses sillons, ses chemins. Ces voyages qui aboutissent à des petits matins barbares et rauques. Des lieux où les gens vivent avant de se traîner.Grande, elle finit par se dire que d’autres vents la rattrapent. Grande, nous devrions lui dire qu’elle y arrive enfin. Que nous sommes petits tant elle est devenue grande.
posted by Jean-Pol Lefebvre at 9:55 PM 0 comments