Je voulais aujourd'hui vous faire partager le passage d'un bouquin que j'ai beaucoup aimé.
Ecrit par Audrey Benoit, une canadienne.
"Le lendemain du quatrième soir" est dixit la quatrième de couverture "un roman sur l'engagement amoureux. C'est un roman urbain au cynisme plus tendre que désabusé, qui joue avec la versatilité des sentiments et poursuit une réflexion sur la nouvelle condition feminine"Ecrit par Audrey Benoit, une canadienne.
"Lou est Marilyn Monroe. Pas physiquement, elle est plutot son antithèse, mais autrement, dans cette déchirante aspiration à surpasser sa condition d'etre désirée.
Elle se tient droite, arborant l'indépendance et l'autonomie comme on porte une petite robe soleil en riant de manière inoffensive.Et goute les plaisirs de son homme comme s'ils etaient les siens, sans savoir qu'il y a méprise.
Elle est choisie.
Elle l'a appris un jour, par le regard soudainement nouveau des hommes, un appel à communiquer, à les rejoindre.
Quand Lou grandit, son père est mort. Ses beaux pères sont avec sa mère, ils sont là pour sa mère, pas pour elle, et ne savent pas la consoler. La séduction devient son language. Capter, adopter, s'adapter a l'autre, faire miroiter un morceau de son idéal, lui offrir une trève, uninstant de tendresse, ce qu'il veut.
Elle ne seduit pas les femmes, ses égales, rarement alliées, souvent rivales, elles sont au dela de l'autre, trop proches, comme sa mère dont le regard a changéen meme temps que celui des hommes. Et ce n'était pas une complicité, c'était une rupture impossible, infinie. Les autres femmes n'existent pas pour Lou. Ils n'y a que les femmes ses semblables. Les autres sont des hommes. Lou s'offre à eux, aux autres, aux hommes, pour oublier le son strident de sa futilité. Aux questions banales:
" Qui suis je? pour qui ? pour quoi? "
Un sifflement corrosif répond en boucle infernale:
" Tu es belle , pour les hommes, pour l'amour."
" Lou vit avec un acouphène à l'ame."
Sa beauté a compensé en lui donnant une certaine valeur, en echange d'une prison. Même si ca l'emmerde de fournir quelque effort que ce soit, comme si l'indéniable de sa beauté en etait menacée, elle doit veiller au grain, projectionniste d'une seule image.
Lou s'aime mal. Elle croit s'aimer quand son humeur est bonne et laisse libre cours à ses idées de grandeur. Elle ne s'aime pas simplement, sans raisons particulière, gratuitement. Quand les autres ne sont plus là ou qu'elle cède au decouragement de n'etre jamais que mortelle ordinaire, elle se deteste avec passion.
Sa mégalomanie existentielle procède certainement de son inaptitude à s'assumer mais aussi cette manie vicieuse s'épuise en gesticulations pour escamoter sa peur de l'action, d'un mouvement pour changer l'ordre des choses trop souvent mal établi.
Le geste est un elan incertain, un imprudence radicale suspendue entre un avant et un apres, un aller sans retour.
D'une mère absente et d'un père abstrait, Lou n'a pas appris le vertige sublime de l'adieu."